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« Croire en ses rêves » – Épisode 3 – Interview de Ludovic FLORENT

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Bonjour à tous,

Pour ce troisième volet de la série « Croire en ses rêves »,  je vous propose de rencontrer Ludovic FLORENT. Je lui laisse la parole. Mais pour une fois, je répondrai au bas de l’interview, puisque Ludovic termine en me posant une question qui peut vous intéresser aussi..

Bonjour Ludovic. Nous nous sommes rencontrés grâce à ta série “Poussière d’étoiles” que j’avais vue sur Internet, ce qui m’a permis de découvrir aussi le reste de ton travail. Peux-tu te présenter en quelques mots, et raconter comment tu es tombé dans la photographie ?

Je suis (ou j’étais, tellement cela me parait loin maintenant) ingénieur BTP. Je suis arrivé, comme beaucoup, à la photographie  en tant qu’amateur. J’avais une fibre créatrice en moi, et j’ai longtemps cherché le média qui me correspondait. La photographie a été pour moi une révélation.

Depuis le début je me suis exclusivement intéressé à l’humain sous toutes ses formes. Mon sujet de prédilection est l’expression corporelle et la danse, mais je pratique beaucoup aussi le portrait. C’est tellement riche et intense ! Je suis auteur photographe depuis 2009, et je me consacre exclusivement à la photographie maintenant depuis 3 ans.

Depuis quelques mois, tu t’es lancé dans un gros projet aux multiples facettes. Peux-tu nous en dire un peu plus sur le concept général ? 

Oui, à première vue cela peut paraitre complexe, mais en fait, c’est extrêmement cohérent. J’avais besoin d’un nouveau local pour y installer mon studio et réaliser mes projets artistiques et mes commandes de portraits. J’ai ainsi crée « L’Atelier de Charles » et y ai étendu bien au-delà son champ d’activité, en m’adressant également aux professionnels de l’image, car les autres photographes sont mes confrères, pas mes concurrents !

Tout d’abord, un studio est un investissement particulièrement lourd, et tout le monde ne peut pas en disposer. Je ne l’utilise pas nécessairement à plein temps, je me suis donc dit qu’il était naturel de le mutualiser, afin que les photographes qui n’en possèdent pas puissent eux aussi prétendre à des commandes qu’ils n’auraient pas pu faire sans cela.

J’ai également développé un laboratoire d’impression fine art, avec quelques produits assez exclusifs comme la Piezography et le Chromalux, afin que les photographes puissent avoir des tirages de qualité afin de présenter leur travail à leurs clients, ou alors préparer leurs expositions. Une photographie prend tellement toute sa superbe une fois qu’elle est sur papier, je suis un amoureux des beaux tirages.

Et bien sûr, et c’est sans doute le pilier central de l’Atelier, un organisme de formation professionnelle, afin que la communauté des photographes puisse monter en compétence grâce à l’intervention de consultants de très grandes compétences.

Pour que quelqu’un puisse prétendre animer une formation à l’Atelier, il lui faut 3 caractéristiques : qu’il soit un expert dans son domaine d’activité, qu’il soit passionné par son métier, et qu’il soit pédagogue.

Et pour finir, également une galerie d’art destinée exclusivement à la photographie, car il y a tellement de talents qui méritent de trouver un espace pour présenter leurs travaux au public.

Exposition de Julie de Waroquier dans « L’Atelier de Charles »


Quel fut, jusqu’à ce point, le principal défi relevé pour arriver à ce stade de ton projet ? 

Je ne vais pas être original, je dirais les formalités administratives, surtout en ce qui concerne l’activité de formation. Il y a beaucoup de documents à produire, et souvent exclusivement sur le seul aspect de la forme pour obtenir le droit de débuter et surtout de continuer cette activité, c’est consternant.

Q ? Tu m’as parlé de la facette “formation” du projet, pour laquelle tu t’es fixé une ligne de conduite : laquelle, et pourquoi ? 

Dans la formation, il y a beaucoup de comportements qui sont justes totalement inacceptables, car trop en voient juste la manne financière qu’elle peut représenter.

De mon point de vue, la formation est avant tout une forme d’altruisme. Il faut avant toute autre chose être tourné vers les autres et être convaincu que c’est une belle opportunité de transmettre son savoir.

De ce fait, j’ai voulu que la formation soit accessible au plus grand nombre. Je me bats donc au quotidien pour que les formations qui sont données à l’Atelier restent dans les taux de remboursement des organismes financeurs pour que celles-ci puissent être, du coup, au final potentiellement gratuites pour les stagiaires.

Les photographes vivent mal de leur activité, je ne voulais donc pas que l’argent soit un critère discriminant pour se former, qui est de mon point de vue un besoin élémentaire, car celui qui ne se forme pas n’a aucune chance de réussite tant notre activité est complexe sur beaucoup de ses aspects.

J’aide à monter les dossiers de demande de prise en charge car presque tous les photographes ignorent leurs droits ! Ils en sont souvent étonnés ! Cela concerne les auteurs, les artisans, les gérants, les auto-entrepreneurs … bref, tous les statuts en réalité.

Enfin, la question que je réserve pour la fin dans ces interviews : Dans tes rêves les plus fous, quel serait LE but à atteindre pour que ton projet soit un succès, et quel serait le plus gros défi à surmonter pour y arriver ? 

C’est une question presque philosophique, tant la notion de « réussite » peut être débattue.

Je dirais que je serais content quand je constaterai que ma modeste contribution a permis à la photographie de retrouver un peu de ses lettres de « noblesse ». En effet, les photographes ont été très malmenés depuis l’apparition du numérique de la précarisation de l’économie depuis les années 2000, et voir autant de talents galérer à ce point m’attriste. Je définirais « noblesse » par deux mots qui sont « respect » et « valeur ». Je milite pour cela depuis toujours et c’est dans ce but que j’ai créé l’Atelier.

Le plus gros défi vient sans doute des photographes eux-mêmes ! Il faut vraiment qu’ils soient conscients de leur valeur, qu’ils arrêtent de se brader et de se dévaloriser. Ils doivent être fiers de leur art, et faire bloc collectivement pour hisser toute la communauté que nous représentons vers le haut. C’est notre seul salut.

Merci à toi pour ce bel interview, je suis touché d’avoir une petite place dans ton blog. Et pourquoi pas envisager tous les deux la réalisation d’une formation sur le droit dans la photographie, car je pense que nous défendons les mêmes valeurs. Partante ? 😉

© Ludovic FLORENT – Juillet 2017

 

En réponse tout d’abord à la notion de « réussite », qui fait d’ailleurs couler beaucoup d’encre depuis une « maladresse » présidentielle récente, j’ai vu passer cette citation qui pourrait être un bon début de définition.

« Réussir sa vie

Rire souvent et sans restriction ; s’attirer le respect des gens intelligents et l’affection des enfants ; tirer profit des critiques de bonne foi et supporter les trahisons des amis supposés ; apprécier la beauté ; voir chez les autres ce qu’ils ont de meilleur ; laisser derrière soi quelque chose de bon, un enfant en bonne santé, un coin de jardin ou une société en progrès ; savoir qu’un être au moins respire mieux parce que vous êtes passé en ce monde ; voilà ce que j’appelle réussir sa vie ». (Ralph Waldo Emerson)

Après qu’il m’ait envoyé ses réponses, nous avons pu échanger un peu sur sa dernière question. Et nous sommes tombés d’accord sur un point : la première chose à faire était de vous demander…  On vous laisse réagir au bas de cet article…

En tout cas, mille mercis Ludovic, de t’être prêté au jeu de mes petites interviews « Croire en ses rêves ».

 

© Photos Ludovic FLORENT
Portrait : © Gaël LESURE
L’attrape-rêve :©Andreas Waguluz/ Licence Creative Commons

Les liens utiles :
« L’Atelier de Charles »

Pour voir les précédents articles de cette rubrique :
« Croire en ses rêves » – Épisode 1 – Emmanuel Boitier
– « Croire en ses rêves » – Épisode 2 – Nicolas Poizot

 

3 commentaires sur cet article

  1. C’est une excellente idée de proposer une formation de ce type.
    Je suis en train de travailler (il n’y a pas de mot plus juste…) le livre « vendre ses photos » (excellent et parfaitement clair !) . J’apprends, et ce que je découvre ne me fait pas toujours plaisir.
    Étant moi -même ancienne juriste (dans une autre vie également…) et toujours fonctionnaire, ma sensation profonde et intime d’avoir à m’exprimer par la photo (tout en encourageant d’autres personnes à exprimer une partie d’eux-même par la photo) est en train de se confronter à la dure réalité du droit, d’un statut contraignant. J’ai la sensation que mon rêve peine à entrer dans les cases de la « réalité ».
    Alors oui, très partante pour une formation de ce type.
    Une formation dont je repartirais avec des solutions, alors que pour l’instant, j’ai l’impression de voir des murs se construire autour de mon rêve…pour l’enfermer.
    Je sais que des murs existent.
    Je voudrais juste un itinéraire pour sortir du labyrinthe.
    Merci pour ce blog, pour tous les articles dont je me régale.
    Valérie

  2. Très bel interview et surtout informations intéressantes quant à ce type de formation.
    D’autant plus que je suis en pleines réflexions sur ce type de démarche : vers quel status m’orienter pour ouvrir des atelier de formation, étant Auteur Photographe.
    Je reste donc attentivement à l’écoute de cette possibilité d’atelier mais je crains un tarif quelque peu dissuasif, étant en province (d’où frais d’hébergement) et ne pensant pas pouvoir bénéficier des aides Afdas.

    Merci pour toutes ces infos

    Au plaisir

    Gilles M

  3. Bonjour,

    Tout d’abord, je suis tout à fait impressionné par le projet de Ludovic Florent !

    Et je préfère aussi nettement la définition de la réussite que vous proposez …

    Concernant la formation je serais très intéressé, pour un tour complet allant du droit à l’image aux statuts du photographe, et par la rencontre de personnes ayant abouti ou en réflexion sur leur projet en photographie.

    Effectivement je ne sais pas du tout si mon statut me permettrait d’avoir une aide financière pour assister à cette formation, c’est ma contrainte aujoud’hui, aller à Paris pour deux jours, pour moi, c’est cher, ceci dit je verrai ça comme un investissement … et un plaisir.

    Daniel S.

    Concernant cette formation adroit

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