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« Croire en ses rêves » – Épisode 5 – Thomas BENEZETH

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Bonjour,

Je vous propose aujourd’hui le 5ème volet de ma série « Croire en ses rêves ». Pour l’occasion je me suis entretenue avec Thomas BENEZETH, parmi les spécialistes français de la « Street photography », et dont j’aime vraiment beaucoup le travail.

Bonjour Thomas, peux-tu te présenter et nous dire comment tu es venu à la photo, et surtout à la photo de rue pour laquelle tu es plus spécialement connu ?

Bonjour Joëlle. Je suis né et je vis en région parisienne, dans le Val d’Oise. J’ai 33 ans, je suis ingénieur en production.

Je crois que j’ai toujours été attiré par l’image et notamment par l’idée de cadrage. Au collège déjà, j’avais choisi de participer à l’option « audiovisuel », et je voulais devenir caméraman. Ce n’était pas encore de la photo, mais regarder à travers un viseur me plaisait beaucoup. Mes premiers souvenirs liés à la photographie datent de la même époque, lorsque je partais en colonie de vacances : mes parents m’achetaient toujours un appareil photo jetable pour garder des souvenirs. Mais à cette époque, j’étais attiré par la photo de paysage, et ce qui est assez paradoxal aujourd’hui, c’est que je n’aimais pas qu’une personne apparaisse sur mon cliché. Vingt ans plus tard, mon idée de la photo a bien changé. J’ai laissé l’humain rentrer dans mon cadre, et j’ai délaissé les paysages naturels pour des paysages urbains.

C’est lorsque j’ai acheté mon premier véritable appareil photo, celui qui m’a permis de découvrir tous les paramètres avec lesquels on peut jouer, que j’ai rapidement pris la direction de la photo de rue. Je suis autodidacte et c’est d’abord en lisant beaucoup de blogs et de livres numériques que j’ai commencé à maîtriser mon appareil. Et c’est en recherchant d’autres sources d’apprentissage que j’ai découvert les ebooks de Thomas Leuthard. J’ai tout de suite su que c’était ce que je voulais faire, et cela fait maintenant 5 ans que je pratique la photo dans les rues parisiennes et du val d’Oise !

© Thomas Benezeth

Mais pourquoi la photo de rue ? Parce que c’est un terrain de jeu formidable, on y trouve de tout, donc on y trouvera forcément ce que l’on cherche. De plus, c’est accessible à tout le monde, ça ne nécessite pas de matériel spécifique, ça permet de se balader dans nos villes, de les redécouvrir d’un autre oeil, et parfois même de faire de chouettes rencontres…

Depuis le temps que tu pratiques la photo de rue, tu as dû collectionner tout un panel d’émotions de la part des gens photographiés quand ils se rendent compte qu’ils ont été immortalisés. Quelle est ta plus belle rencontre ?

La photo de rue permet effectivement de rencontrer du monde, car même si j’essaie toujours de ne pas me faire remarquer, ce n’est pas toujours évident. Parfois les gens réagissent mal, mais bien souvent ils sont bienveillants. Un sourire, un signe de tête ou de la main, on me demande même parfois d’être pris en photo : dans ces cas là, je ne refuse jamais !

© Thomas Benezeth

Mais ma plus belle rencontre m’a conduit jusqu’à l’Opéra Garnier de Paris. Un jour, alors que j’étais dans le métro pour rentrer chez moi après une balade photo dans Paris, une fille est entrée dans ma rame, elle portait un tutu de danseuse dans ses bras et avait un air triste. Elle est entrée mais n’a fait qu’un pas, laissant la porte se refermer derrière elle pour finalement s’y adosser. J’ai tout de suite senti l’envie de la photographier, mais craignant de me faire remarquer en sortant mon appareil photo, j’ai préféré sortir mon iPhone. J’ai pris ma photo sans que la jeune fille, ni personne d’autre, ne s’en aperçoive, et je l’ai publiée sur mon site.

© Thomas Benezeth

Quelques semaines plus tard, une lectrice m’annonce en commentaire qu’elle connait cette fille : elle s’appelle Amélie Joanidès et est quadrille à l’Opéra de Paris ! Avec un peu d’appréhension, je décide de contacter Amélie sur Facebook pour lui expliquer l’histoire de la photo et surtout lui proposer de lui offrir un tirage en main propre. Bien qu’elle fut un peu surprise, Amélie a été très gentille et compréhensive, elle a tout de suite accepté de recevoir un tirage (daté et signé) et je crois qu’elle en était aussi ravie que moi ! Nous nous sommes donc vus à l’Opéra et nous avons pu échanger quelques minutes entre deux entrainements d’Amélie, c’était une rencontre vraiment sympathique. Elle m’a expliqué que ce jour là, le jour de la photo, elle avait raté le concours interne de l’école, ce qui expliquait certainement son attitude triste. Avant de nous quitter, j’ai refait deux photos d’Amélie, deux portraits, et je vous assure que son sourire contraste avec la photo du métro !! (vous pouvez voir les photos ici: http://thomas-benezeth.fr/blog/du-metro-a-lopera-lhistoire-dune-photo-de-rue/)

Tu m’as parlé d’un projet de construction particulier. Peux-tu m’en dire plus, en donnant aussi à ceux qui ne connaissent pas bien cette technique quelques informations de base pour bien comprendre ?

Ce projet tiens en un mot: sténopé ! En anglais on appelle ça « Pinhole », littéralement « trou d’épingle », car c’est techniquement la seule chose à faire pour se fabriquer un sténopé: faire un trou d’épingle dans une boite noire. On peut s’en fabriquer un dans une boite d’allumettes, dans une canette de soda ou n’importe quelle autre boîte. L’essentiel c’est d’y insérer une surface sensible (papier ou pellicule photo), et de rendre la boite hermétique à la lumière. Il suffit ensuite de faire un trou d’épingle en face du papier pour que celui ci capte la lumière. Le trou réalisé équivaut à un objectif à très très petite ouverture, qui tourne souvent autour de f/150. Ceci à pour avantage d’obtenir une netteté sur toute l’image (du premier plan à l’infini) mais a surtout pour inconvénient (que je compte transformer en avantage) de nécessité des poses longues, de quelques secondes à quelques minutes, en fonction de la lumière et de l’effet désiré.

J’ai donc pour projet de photographier avec un sténopé, mais surtout de le fabriquer moi même ! C’est ce qui me plaît dans cette pratique, l’idée de créer à la fois mes photos et mon appareil. Et pourquoi pas, plus tard, développer moi même mes négatifs et peut être fabriquer mes propres surfaces sensibles ?

Est-ce que ce projet modifie ta vision de la photo de rue ? Et si oui, en quoi ?

Ce projet modifie effectivement ma vision de la photo de rue car la démarche est à des années-lumière de celle du numérique. Il me sera presque impossible de figer le mouvement des passants, je ne pourrai pas cadrer au millimètre comme j’aime le faire avec mon X100S puisque je n’aurai tout simplement pas de viseur, je ne pourrai pas contrôler mon image après la prise de vue…

© Thomas Benezeth

Il faut donc que je trouve un autre style de photo avec le sténopé. J’ai déjà quelques idées de projets/séries mais cela demande encore réflexion.

Une chose est sûre, ma pratique photographique sera plus lente, plus posée, probablement plus réfléchie et obligatoirement différente.

Quel fut, à ce stade du projet, l’obstacle qui t’a paru le plus compliqué à surmonter ?

Pour l’instant, mon seul obstacle consiste en la fabrication du sténopé. Il est avancé à 60%, je dois trouver le temps de le finir.

© Thomas Benezeth

Ensuite, j’imagine que l’absence de viseur sera, le temps de m’y habituer, le principal obstacle à franchir. Avec de l’expérience je pense être capable de maîtriser le cadrage, sachant que j’ai délibérément choisi de créer une focale d’environ 35mm, ce qui me permettra de garder mes repères par rapport à mon X100S (qui possède un 23mm, soit l’équivalent de 35mm en FF).

Les débuts ne seront pas faciles mais c’est ce qui rend le projet intéressant!

Enfin, comme je le fais toujours dans cette série d’articles, quel serait, dans tes rêves les plus fous, le but que tu aimerais atteindre avec ce projet précis ? Celui qui te tient éveillé toute une nuit si tu te mets à y penser ?

Très franchement, je n’attends rien de ce projet. Je le fais pour moi, parce que j’en ai envie, parce que ça me plaît. Mais dans mes rêves les plus fous, j’aimerais que la pratique du sténopé me fasse gagner quelques années d’expérience dans la photographie ! J’aimerais que ça me fasse grandir à la fois dans la technique et dans la vision que j’ai de la photographie.

© Thomas Benzeth

Et puis, si ce projet me permet d’exposer une série de clichés ou d’inspirer d’autres photographes quant à la pratique du sténopé, je serai d’autant plus comblé !!

© Thomas Benezeth – Septembre 2017

Pour voir son site : http://thomas-benezeth.fr/
Twitter : https://twitter.com/tbenezeth
Instagram : https://www.instagram.com/tbenezeth/
Facebook : https://www.facebook.com/Thomas-Benezeth-I-URBAN-Photographer-421258397923944/

 

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