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Croire en ses rêves – Épisode 12 – Didier MANDART

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Pour ce nouvel épisode de ma série d’interviews « Croire en ses rêves », j’ai approché Didier MANDART, qui est en train de réaliser le sien… je lui laisse la parole.

Q : Didier, merci d’avoir accepté mon interview. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots, et décrire comment vous êtes arrivé à la photographie, en tant que photographe ?

La passion pour la photographie m’est venue petit à petit… Comme beaucoup de ma génération, le premier appareil photo (un Kodak Instamatic) m’a été offert par mon père alors que j’étais pré-adolescent. Celui-ci étant assez rudimentaire et limité, il m’a finalement laissé utiliser son propre appareil, un Focaflex que j’ai d’ailleurs gardé. Depuis cette époque, je n’ai cessé de m’intéresser à la photo et aux photographes de tous domaines. Mais ce n’est qu’avec mon premier salaire de designer industriel investit dans un « vrai » réflex (un Nikon FM2) que je me suis vraiment mis à pratiquer, à travailler mon regard et à me documenter assidument. Je vivais alors en Allemagne et profitais du moindre temps libre pour visiter ce pays (c’était avant l’Europe et avant la chute du mur). Par ailleurs, cela complétait mon approche du design qui est une activité où l’observation des usages et du monde environnant est fondamentale.

Parallèlement, m’est venu le goût des voyages et celui d’effectuer moi-même mes tirages… Après un rapide passage par le numérique, je me suis remis à l’argentique et au moyen format. Aujourd’hui j’ai gardé la plupart de mes appareils de tous types et les utilise selon l’humeur et la situation du moment. Mais c’est surtout l’emploi du médium photographique comme moyen d’expression artistique, de découverte de l’Autre et de l’ailleurs qui me fascine depuis toujours.

Q : Cette série d’interviews est guidée par un fil conducteur : croire en ses rêves ! Vous vous apprêtez à inaugurer votre rêve à vous. Pouvez-vous décrire votre projet ?

C’était en effet un rêve que de me consacrer à la photographie plus intensément. Ressentir, comprendre et faire partager aux autres le sens et la force des images, alliés aux goûts des rencontres avec les artistes et à la découverte de leur propre regard, m’ont amenés assez naturellement à imaginer faire vivre et animer un lieu de rencontre autour de la photographie. Ensuite, la vie et ses opportunités m’ont permis de faire en sorte que ce rêve prenne naissance sous la forme d’une galerie – je préfère dire un espace – consacré à la photographie d’Art contemporaine et à ses auteurs de talents, que j’ai appelé « L’ANGLE ».

Le fil conducteur de « L’ANGLE » est le voyage, pris dans toute sa diversité de sens. L’idée principale étant de permettre à chacun qui passera la porte de faire une pause dans le flux d’images qui nous submerge quotidiennement pour saisir ce qu’il y a d’intéressant et éventuellement d’important, derrière une image qui n’est peut-être pas aussi « simple » qu’elle paraît. J’aime beaucoup la phrase de Marcel Proust disant que « le véritable voyage ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux ».

Une vue de paysage pour reprendre l’exemple, peut sembler assez banale ou tout au contraire elle peut signifier combien il nous faut regarder la nature avec attention et l’aborder avec précaution afin d’en préserver la richesse et la complexité. L’instantané photographique offre paradoxalement la qualité rare de prendre le temps d’appréhender en profondeur ce qui peut nous apparaître invisible au premier regard. C’est aussi le talent des artistes qui le permet. Je rêve que la galerie pourra modestement offrir ce cadeau au visiteur.

Q : Quel fut l’obstacle le plus complexe à franchir jusqu’à présent ?

Je ne vais pas m’étendre sur le sujet mais j’ai dû surmonter mes propres appréhensions… Je n’ai pas un parcours proprement dit artistique et il m’a fallu me convaincre moi-même quant à ma capacité à faire aboutir ce projet parallèlement à ma vie professionnelle de designer industriel. Même si le design n’est jamais très éloigné de l’art, ce sont deux sujets qui se conduisent différemment, pour des objectifs distincts. Et contrairement aux idées reçues, il n’est pas aussi évident de concilier les deux. J’en profite ici pour remercier mes proches et amis de m’avoir soutenus et aidés dans le projet.

Q : Pouvez-vous dévoiler déjà les premiers artistes qui seront exposés dans votre galerie ?

Bien entendu ! En tant que galeriste je suis là pour ça (lol). La toute première exposition invite simultanément les œuvres de Xavier Blondeau et David Tatin, deux artistes qui chacun à leur manière, interrogent d’emblée notre place d’observateur et ce que l’on partage de notre environnement commun.

Il sera doublement question d’un voyage où l’imaginaire de l’absence côtoie la réalité d’une présence, fut-elle furtive. A la frontière des mondes du jour et de la nuit, s’installera un jeu de cache-cache pour créer un dialogue entre le visible et le mystère, l’homme et l’animal, l’urbain et le sauvage…

Puis dans quelques semaines j’aurai la chance de recevoir à L’ANGLE : Corentin Fohlen, avec Karnaval, une série de portraits fascinants de la culture haïtienne. Celle-ci sera présentée en marge du festival des Chemins de la photographie d’Ascain du 9 juin au 9 août et elle sied parfaitement au programme de cette année dont le thème est: « rites, symboles et liberté » (NDLR : j’avais parlé déjà de cet ouvrage de Corentin FOHLEN dans ce blog, ici : https://blog.verbrugge-joelle-photographe.com/karnaval-jacmel-de-corentin-fohlen-le-livre-quon-lit-au-moins-deux-fois-de-suite/ et il avait aussi accepté de répondre à quelques questions ici : https://blog.verbrugge-joelle-photographe.com/croire-en-ses-reves-episode-7-corentin-fohlen/)

Q : Votre projet comporte aussi d’autres volets, puisque votre galerie pourrait être l’occasion de proposer d’autres événements. On peut en savoir plus ?

Exposer c’est bien le minimum pour une galerie, mais mon objectif à terme est d’aller au-delà avec un espace entièrement dédié à la photographie. Ainsi j’espère pouvoir rapidement développer l’activité autour de rencontres avec les artistes et aussi avec d’autres intervenants qui ont à partager avec le public au sujet de la photographie elle-même, mais également à propos de sujets complémentaires, voire plus généraux bien que toujours en lien avec l’image… Et puis, en plus du fait de découvrir et d’échanger, il y a l’intérêt de se forger son propre regard… Aussi, j’imagine proposer des formations à l’image pour tous publics y compris pour les plus jeunes. Le programme complet tient en trois mots : expositions_médiations_formations.

Q: Y a-t-il un artiste que vous rêveriez d’exposer sans oser le lui demander ?

Ah, ah, il y en a plusieurs (lol)… Étant donné que je ne viens pas du milieu de la photo, aborder les « grands » photographes en professionnel naissant n’est pas évident… Et si vous voulez un nom, je peux même vous en donner deux : Josef Koudelka et Sebastiào Salgado. Mais surtout, parmi ceux que je souhaiterais faire découvrir il y a les jeunes talents, ceux qui ne sont pas encore révélés au grand public et qui représentent un autre type de chalenge pour un galériste… Celui de faire partager humblement son émotion et son feeling ressentis pour un artiste et ses œuvres méconnues mais qui apportent une réelle originalité de point de vue.

Q : Dans vos rêves les plus fous, comment évolue la galerie L’ANGLE dans les 5 prochaines années ?

Je vous ai précédemment parlé du programme déjà très ambitieux pour moi de dérouler les trois pôles d’activités que sont les expositions, les médiations et les formations. Autour de ceux-ci j’ai quelques idées complémentaires à développer dans le paysage local en partenariat avec les autres acteurs des domaines artistiques et culturels. Cela devrait bien me prendre dans les 5 ans pour devenir mature sur ces sujets. Mais si je devais faire un rêve encore plus fou… Disons que je verrais bien L’ANGLE faire des petits, quelques autres petits espaces dédiés à l’image, en France et pourquoi pas ailleurs…? Histoire de faire voyager de nouveaux publics via d’autres belles rencontres…

© Didier Mandart – Avril 2018

Document de présentation de la galerie :

FEUILLET_001_FR_WEB

Site web :
https://www.langlephotos.fr/

Page Facebook
https://www.facebook.com/langlephotos/

Instagram
https://www.instagram.com/l_angle_photographies/

 

 

 

 

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